LA VIERGE MARIE T\'AIME

ORIGINE DU PROPHETE WILLIAM HARRIS ET SA LEGITIMITE

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INTRODUCTION

L’Afrique fait partie des continents dont l’histoire est riche en enseignements et en souvenirs. En effet, le continent africain a connu la colonisation, l’évangelisation, l’esclavage puis autres formes de procedées humaines qui desormais fait partie intégrante de son histoire.

Outre la colonisation, les occidentaux consederaient les Africains comme des animistes, des païens, donc des personnes à évangeliser, d’où l’avènement des premiers missionnaires. Cette période de domination culturelle, spirituelle, sociale, va connaitre un fait majeur, celui de l’avènement des prophètes noirs qui se donnent pour mission d’eveiller la conscience de leurs frères. Au nombre de ceux-ci figure Wadé William Harris du Libéria.

Qui est William Harris? Cette étude permettra d’apprecier l’œuvre d’évangelisation du prophète Harris. Aussi, elle répresente une occasion de relever les circonstances de sa vocation et la naissance du harrisme.  

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

1-ORIGINE DU PROPHETE WILLIAM HARRIS ET SA LEGITIMITE

1.1.Qui est William WADE Harris?

Harris est né vers 1860, il est baptisé à l’âge de 16 ans, agent salarié de l’église épiscopalienne pendant plus de 15 ans jusqu’à la fin de l’année 1980. D’abord catéchiste, chargé de l’école du dimanche de son village, il devint par la suite directeur adjoint de son église. Vers 1895, il rejoint l’Eglise protestante épiscopalienne. Il se fait encadré par le Bishop Samuel David Fergusson et il fut nommé comme institut-assistant. En dehors des activités religieuses et de la mission, Harris devient interptète officiel du gouvernement en 1899. Pendant ce temps, les Noirs étaient sous la domination des affro americains, il prit fin et cause de ses frères noirs, ce qui lui valut la revocation de son poste car il lui était reproché d’être « tombé dans le piège de Satan[1]». Mais comme le souligne Paul Ahui «apparemment, la nature de sa faute ne pouvait avoir été sérieuse, puisque sa condamnation fut lévé et, entre 1907 et 1908, William était autorisé à remplir à la fois sa mission d’interprète du gouvenement et chargé de Half-Graway[2]».

Pour William, il n’était pas juste d’exiger des Africains à cette époque l’abandon d’une institution, comme la polygamie, qui était un élément de l’équilibre social des villages attachés à leur tradition. Il est aimé des peuples Grébo qui vit en lui un homme « intelligent et hardi[3]». Harris denoncait le comportement des Afro-américains pour leur attitude d’exploitation, à l’égard des autochtones. Il est clair que ses sympathisants  étaient du côté du peuple que du côté du régime libérien. Une telle posture contribua à agrandir sa popularité auprès de ses frères « en tel enseigne qu’il représente une menace pour le gouvernement du Libéria. Il fut arrêté, jugé pour trahison et emprisonné en février 1909[4]. » Sur quoi repose la légitimité du prophète Harris ?

 

1-2.La légitimité de William WADE

Parler de légitimité de William Wadé revient à évoquer les circonstances de son appel et de la réceptivité de ses proches. C’est dans sa cellule, en août 1910, que Harris a ses premières visions de l’archange Gabriel: « William Wadé Harris, tu n’es pas en prison. Dieu viendra te rejoindre. Tu seras un prophète[5]. » Dès lors, pris d’une transe violente et sent l’Esprit Saint descendre en lui « avec la violence d’un jet d’eau[6] ». Cette manifestation entraine un trouble dans son esprit, ce qui l’amène à des interrogations du genre: « comment Dieu peut-il porté son choix sur un homme issu de groupe ethnique Kru[7] »?

Ses inquiétudes seront dissipées avec la deuxième visite de l’Archange Gabriel qui lui dit: « Je t’accompagnerai partout, et te révélerai la mission à laquelle te destine Dieu, le maître de l’Univers que les hommes ne respectent plus. Ta femme Rose Farr mourra, mais je t’en donnerai d’autres qui t’aideront dans la mission que tu dois assumer. Avant sa mort, elle te remettra six shillings avec cela, tu passeras partout[8].»

Une fois sortir de la prison en 1912, Harris bénéficie de l’appui d’un groupe de chanteurs composée de 3 femmes dont Mary You Bré et Hélène Valentine. Dans quel contexte intervient l’appel de William Harris?

 

1-3  Le contexte de la vocation de William Wadé Harris

A l’initiative de l’American Colonisation Society, le Liberia a été érigé en 1847 en État indépendant pour accueillir les anciens esclaves noirs d’Amérique qui acceptaient de retourner en Afrique. Ces immigrants obtiennent des terres et s’y installent avec leur mode de vie. Mais les autochtones n’apprécient pas cette présence et préféreraient que la Grande-Bretagne avec laquelle ils sont liés (marins Krou) les colonise. Les Afro-américains foulaient au pied les coutumes et les mœurs des autochtones. En lieu et place du système de troc en vigueur dans la société Grebo nait un nouveau type de rapport commercial. Les autochtones s’élèvent contre les nombreuses taxes dont ils sont accablés: taxe sur le commerce, taxe pour naviguer, taxe pour accoster.

Face à cette restriction aux libertés et à la marginalisation croissante dans le pays, les autochtones se révoltent. C’est le début des conflits avec les colons américains. Impliqué dans un de ces conflits, William Wade Harris est emprisonné 1910. C’est dans ces situations sociopolitiques profondément marquées par des inégalités à tout égard qu’intervient l’appel de William Wadé Harris. Cette vocation, il la recevra dans sa cellule. Mais en réalité, quelle est sa vocation? En quoi consiste sa nouvelle mission?

2-LA VOCATION DE WILLIAM WADE HARRIS

2-1. L’originalité du prophète William

En prison, il a une vision de l’Ange Gabriel qui lui annonce la mort de sa femme et sa mission à venir : il doit lutter contre les fétiches et baptiser dans l’eau. En sortant de prison, il porte une nouvelle tenue, une aube blanche et une coiffure ; il tient une croix et une calebasse avec des perles, appelée « yaka ». Il est accompagné de deux assistantes habillées de blanc et qui manient les calebasses. Plus tard, Harris prendra trois autres assistantes. Sont-elles ses épouses ? Il répond : « Il y a une loi pour les Blancs et une autre pour les Noirs en ce qui concerne le mariage. »

C’est à ce niveau que se trouve l’originalité de William. En effet, pour mieux la comprendre, il faut tenir compte du contexte qui entourent sa vocation, le type de langue pour vehiculer son message. Contrairement aux missionnaires qui éprouvaient des difficultés dans l’annonce de la Parole du fait de la langue, William s’exprimait dans le patoire, ce qui est à son actif.

Pour Pierre Benoit: « Harris avait une connaissance verbale de la Bible tout à fait remarquable: c’est le seul livre qu’il connait, et le connait parfaitement... C’est en elle qu’il cherche des explications, des exemples et des preuves pour appuyer tout ce qu’il dit[9].» C’est autant d’éléments qui fondent son originalité à savoir : enseigner la Bible et amener ses compatriotes à délaisser les fétiches pour un retour au christianisme. Quelle est sa spiritualité? En d’autres termes, quelle motivation soutenant sa mission?

 

2.2  La motivation soutenant sa mission

La vie et l’œuvre de Harris sont caractérisés par une dynamique messianique, mais il n’a pas été lui-même le Messie. Il se proclamait comme l’annonciateur, animé par l’Esprit du Messie. Si les premiers convertis faisaient de lui un messie à leur mesure, Harris ne se considérait pas comme tel. De lui-même, il affirme : « je suis le tapis de Christ, je suis envoyé par le Christ[10] ». La croix qu’il porte indique qu’il est le véritable porte-parole du Christ. Au-delà de l’enseignement de la Bible et de la lutte contre le paganisme, William Harris est un défenseur et un promoteur de la paix sociale, afin que le règne du Christ s’accomplisse.

Harris faisait la promotion des valeurs humaines. Il avait pour souci le changement dans la vie des populations qu’il visite. Pour lui, c’est un signe qui annonce « le règne de la paix qui était proche[11] ». Le faisant, il répond aux recommandations de l’Archange Gabriel: « Tu seras un prophète des temps modernes. Une ère de paix va s’ouvrir qui durera dix milles ans». Harris devait par la conversion des Africains faire d’eux des disciples de paix. Devenu prophète, « jamais il ne donne de mots d’ordre insurrectionnels, jamais il ne fomente de troubles…Son enseignement, loin de prêcher la révolte, inculque le respect de l’autorité[12].

Sa motivation réside aussi dans l’annonce de la Bonne Nouvelle. Permettre aux hommes de ne plus avoir peur des sorciers , feticheurs, mais plutôt avoir la crainte de Dieu:

 

Je suis envouyé par le Crist et je dois irrésisteblement accomplir les faits et gestes qu’il m’inspire. Je suis poussé par le souffle d’En-Haut et je ne parle que sous l’inspiration d’En-Haut. Poupulations qui tremblez devant les jeteurs de sorts et leurs idoles, écouter ce que vous dit Harris le prophète: le seul vrai Dieu est le Dieu de la Bible! Les autres ne sont que des imposteurs que devez cesses d’adorer! Détruisez tout ce qui les représente et l’Esprit Saint vous envahira[13].

 

Raison pour laquelle, il lutte contre les pratiques des Africains contraires aux enseignements de la Bible. La mission première de Harris était de ramener à Dieu «ses fils égarés». Ce qui justifie son combat contre les fétiches et les feticheurs africains. Annoncer la parole de Dieu n’est toujours pas chose aisée, ainsi,  quels sont les difficultés et succès du prophète Harris dans l’annonce du Christ.

2-3 Modus opératoire: Succès et difficultés

Aussitôt sortir de la prison, William Wadé commence sa mission dans pays au Libéria precisement à Monrovia où il est traité de fou, donc pas écouté. Le prophète William decide de se rendre en Côte d’Ivoire où il connaitra plein succès.

2.3.1 Succès de la mission de Harris

Libéré en 1912, il arrive en Côte d’Ivoire en 1913 où il entame  sa mission qui connait un succès qui repose sur la conversion et baptême des personnes visitées.

En 1895, et après plus de quinze ans, avec l’aide des frères et des sœurs de deux ordres, beaucoup de vies et de charité avaient été consacrées à l’établissement d’une chaîne de huit stations importantes le long de la côte est de la Côte d’Ivoire. Cependant, cette œuvre n’avait produit qu’une récolte de 2000 âmes baptisées, et il était évident que les peuples de la côte ne se tournaient pas vers la lumière du Christ. Mais avec Harris c’est plus de 100.000 baptisés en dix-huit mois[14].

En Côte d’Ivoire, on estimait à 120.000 personnes qui reçues le baptême. Partout où il passe la cérémonie de baptême se déroule de la même manière. Les candidats confessent à haute voix leurs péchés, et présentent au prophète les fétiches et autres idoles qu’ils ont jusqu’ici adorés. On allume un grand feu où l’on jette ces objets désormais dépouillés de leur puissance. Ensuite, Harris procède au baptême: il verse l’eau du bol qu’il transporte toujours avec lui sur le front des nouveaux fidèles et y trace une croix de son pousse mouillé[15].

En 1923, l’église de la Côte d’Ivoire comptait 13000 membres et plus de 10000 catéchumènes. Le rapport officiel de 1925 reconnaît que Harris était l’instrument par lequel le salut de la Côte d’Ivoire arriverait ou du moins, par lequel il aura commencé. Le père Bedal, de Korhogo, dans le nord, regrettait le fait que Harris n’était pas arrivé jusque-là pour faciliter l’évangélisation des Senoufo.

Au Ghana, où il n’y avait pas eu de baptisés catholiques en 1914 à Apollonia, il y avait en 1920 vingt-six stations principales et trente-six stations secondaires, avec 5200 membres et 15400 catéchumènes. Le missionnaire catholique George Fischer a parlé du « feu divin allumé » par la grâce du maître divin, mais n’a pas mentionné Harris[16]. Au Libéria, où la mission catholique n’avait recommencé qu’en 1906, le préfet, le père Jean Ogé, a écrit en 1920 que « les missions avancent à grands sauts…grâce à l’ancien enseignement du fameux prophète Harris. Les païens, privés de leurs vieux dieux, viennent en masse à nos églises pour demander l’instruction religieuse[17] » .Dans ce pays, on estime que plus de 120.000 personnes reçoivent le baptême de ses mains.

 

Outre le baptême et la conversion, il y a aussi la destruction des fétiches. En Côte d’Ivoire, au Libéria au Ghana et partout où il passe, il exhorte les populations à délaisser les fétiches pour adherer à la foi en Christ. Ainsi à Grand Lahou ville cotière de la Côte d’Ivoire, nombreux sont ceux qui ont laissés leurs fétiches: « les yeux de Harris lancent des flammes,...Les auditeurs se lèves, se dépouillent de leurs objets sacrés idoles, bientôt accumulés aux pieds de Harris, qu’il  brûle[18]». Avec Harris, on assiste au désenvoutement des personnes, à la délivrance des fidèles sous l’emprise des forces du mal.

A cela s’ajoute l’invitation à l’éducation. Dans les pays situés sur la côte, les parents ne souhaitent pas voir leurs enfants dans les écoles des colons. Le taux de scolarisation est faible, mais avec l’arrivé de William Harris, les donnes changent. Les peuples côtiers étaient opposés à l’éducation de leurs enfants dans les écoles occidentales coloniales, mais Harris a changé tout cela en leur disant : “Envoyez vos enfants à l’école[19].” En septembre 1915, moins d’un an après l’arrestation de Harris à l’initiative du lieutenant-gouverneur Angoulvant, ce dernier a écrit :

 

Une fois de plus, j’ai été frappé par le bel aspect du village de Jacqueville [sur la côte Alladienne, où Harris a eu un ministère]. Mais ce que j’ai remarqué le plus, c’était l’enthousiasme avec lequel les enfants sont venus à l’école que je venais d’ouvrir, ainsi que le grand désir évident qu’ils ont pour l’instruction, dès qu’ils ont un maître formé et plein de zèle, comme celui que je viens de leur envoyer. Aucune école, jusque-là, n’a eu autant de succès. En plus, c’est le chef de Jacqueville lui-même qui a gratuitement fourni le bâtiment jusqu’à ce que l’administration puisse leur en fournir un[20].

 

L’œuvre de Harris a provoqué une cassure massive avec les pratiques externes des religions africaines traditionnelles le long de la côte : la disparition d’un ensemble de “tabous” sur les jours et les lieux ; la disparition de la danse luxurieuse ; “l’apprivoisement” des festivals traditionnels ; la disparition des huttes qui servaient à isoler les femmes pendant leur menstruation ; la transformation des pratiques funèbres et des enterrements. Dix ans après le passage de Harris, les missionnaires anglais ont observé les grandes différences qui existaient entre la Côte d’Ivoire et le Dahomey ou le Togo, qu’ils connaissaient si bien.

Il interdit la consommation de l’alcool, exige le respect du dimanche comme jour de repos, Harris est favorable à la polygamie. Si l’oeuvre d’Harris a connu du succes, elle est aussi émaillée de difficultés.

 

2.3.2 Les difficultés de Wadé Harris

Les difficultés de Harris commencent chez lui au Libéria. En effet, après sa sortie de prison, personne ne voulait entendre parler de lui. Il se rend à Monrovia, capitale libérienne, mais n’y est pas écouté quand il affirme que : « le christianisme est en faillite! Il est temps de retrouver la religion universelle dont moi, votre prophète, je jetterai les bases. Et cette religion sera des Kru, car l’ange Gabriel l’ a dit: Dieu a élu le peuple Kru[21] ».

Des résultats extraordinaires couronnèrent l’action du prophète. Cela inquiéta même le clergé catholique. Ces propos du P. Gorju dans un bulletin missionnaire en témoignent : « son influence, fondée sur une remarquable puissance hypnotique et un système d’intimidation effrontée, fut immense. (…) Cet halluciné, doublé d’un charlatan, effectua en quelques mois, ce que nous, prêtres de Jésus-Christ, n’avons pas même pu ébaucher en vingt ans, car les moyens qu’il employa, nous étaient à nous, interdits[22]. »

Vu son succès en Gold Coast (Ghana actuel), les Eglises locales exigent son départ pour la Côte d’Ivoire en 1914. Retourner en terre ivoirienne, Harris Wadé se heurte d’une part à l’hostilité des colons qui se souviennent qu’il à prôné le repos dominical, d’autre part à la réticence des Eglises qui craignaient la concurrence. Il est arrêté en avril 1915 à Port-Bouêt en Côte d’Ivoire, jugé indésirable et condamné à retourner au Libéria.

De retour au Libéria, il parcourt souvent l’intérieur du pays, où les missionnaires n’avaient jamais été. Il est allé à la Sierra Leone, pays voisin trois fois à pied : en 1917, 1919 et en 1921. Même si son ministère au Libéria a causé des problèmes pour les missionnaires méthodistes Walter B. Williams, à cause de leur différend sur le mariage polygame, il a néanmoins provoqué un “mouvement de renouveau” massif en 1915 et pendant les années suivantes. Harris n’a pas dénoncé la polygamie, et il l’acceptait comme une réalité de la vie africaine. Par conséquent, il a sans cesse eu des problèmes avec les groupes méthodistes et d’autres groupes[23].

 

 

3-LA PORTEE DE L’OEUVRE DU PROPHETE HARRIS

3-1 L’héritage de WADE Harris

L’hériage de Harris, comparativement aux autres prophètes africains eu un impact considérable. L’œuvre ouvrait la voie à une effervescence sprituelle. Elle a renforcé la christianisation de la colonie de la Côte d’Ivoire et du Ghana et contribué à l’avènement d’une Eglise africaine à savoir l’Eglise harriste.

Il prit une telle importance que Paul Marty le qualifie de « (…) fait religieux presque incroyable qui a bouleversé toutes les idées qu’on se faisait sur les sociétés noires si primitives si rustiques de la Côte et qui sera (…) l’événement politique et social le plus considérable de dix siècles d’histoire passée présente ou future de la Côte d’Ivoire maritime[24]. »

Mais, après son extradition vers le Liberia, va se poser la délicate question du devenir de ces nouveaux convertis. Vers quelle Église s’orienter ? Qui va gérer l’héritage du prophète Harris ? Une lutte ouverte s’engage alors. La Société des Missions méthodistes wesleyennes de Londres est la première à s’attribuer officiellement cette charge. Elle a, en effet, décidé, « dans un grand acte de foi et en plein accord avec la Société des Missions évangéliques de Paris, d’accepter l’héritage spirituel d’Harris[25] » L’Église méthodiste wesleyenne s’est en fait appliqué les paroles du prophète Harris :

Après moi viendront les Blancs, serviteurs de Dieu, avec le Livre, et ils vous enseigneront par la prédication et les écoles tout ce qui est écrit dans la Bible. C’est chez un Pasteur de votre race instruit par eux, que moi-même, quand je n’étais qu’un petit garçon, j’ai appris à lire la Parole de Dieu. C’est cette parole sacrée apportée par les Blancs que vous devrez recevoir et à laquelle il faudra obéir sans murmures, si vous voulez avoir part à la Vie éternelle après la mort[26].

 

Une lutte de conquête est engagée entre les autres Eglises et les protestants au sujet de l’héritage du prophète. En effet, vu le succès et son influence, chacune des parties désire que les convertis et partisans de William viennent dans son Eglise. Ainsi en 1926, le pasteur Benoît rend visite à William et revient avec « un testament » qui recommande aux « protestants de Harris » qui hésitent encore de devenir méthodistes.

Avoir les fidèles de Harris dans son Eglise, est une chose importante car le message de William a un echo favorable auprès des populations. Dès lors, il a eu une grande percée pour les missions protestantes à cause du testament: « de mémoire de missionnaire, on n’a jamais vu cela. En Côte d’Ivoire,  un an durant précisement de 1925 à 1926, avec l’évangelisation de William Harris, les fidèles passent de vingt-cinq mille à trente-deux. En 1930 ils sont quarante-deux mille, repartis dans plus deux cents chapelles[27]». Ce succès repose sur l’héritage de William Harris.

A côté des autres églises et des protestants qui se battent autour des convertis, il y a aussi certains leaders locaux qui refusent d’appartenir aux églises protestante et catholique. D’où la naissance des églises harristes en Côte d’Ivoire et au Ghana.

3-2 Naissance des Eglises harristes en Côte d’Ivoire et au Ghana

En 1928, après le retour du prophète Harris au Libéria, certains de ses convertis refusent d’intégrer les églises catholiques et méthodistes. A cet effet, une délégation de trois personnes composée de John Ahui, John Digbo et Salomon Dagri est envoyée au Libéria par le chef Akadja Nandjui du village de Petit Bassam (Abia Gnambo) pour rencontrer le prophète et avoir son opinion sur ce testament. John Ahui fut consacré prédicateur et il reçoit du prophète une Bible et une canne-croix, symbole de la légitimité et de l’orthodoxie de leur action.

Pour attester de la véracité de leur visite, John Digbo, Salomon Dagri et John Ahui se firent photographier en compagnie du prophète. De retour au village, ils prennent la tête du mouvement religieux pour reconquerir les anciens fidèles passés au catholicisme et au protestantisme. L’Eglise harriste venait ainsi de naitre en Côte d’Ivoire. Il en fit de même pour le Ghana.

En Côte d’Ivoire comme dans tous les pays où elle se trouve, l’église harriste est dynamique. Elle vit de la pleine participation de ses membres. L'Église harriste, qui accepte les nouveaux convertis polygames, compte  plus de 100 000 membres, répartis dans 702 paroisses servies par 1 400 prédicateurs et plus de 7 000 apôtres. Chaque paroisse est dirigée par douze apôtres, hommes.  Nous tenons à préciser que ces chiffres avancés par le quotidien français Le Parisien ont évolués[28]. C’est une église vivante pour preuve, elle a célébrée son centenaire en 2012. De 1912 jusqu’à ce jour, donc plus de 100 ans d’existence atteste de la vitalité de cette église.

 

 

L’église harriste est structurée comme suit:

Commission internationale harriste (COMIHA ) qui est l’instance suprême ensuite viennent les commission nationale harriste (CNHA), les predicateurs,les Apôtres et enfin les organisations de la  Jeune et des Femmes. En plus d’être dans toutes les villes de la Côte d’Ivoire, elle s’est dotée d’un sièege national sis à Djorobitéet dans la communue de Cocody. Elle se donne des moyens pour former ses fidèles, des plates formes pour parfaire son organisation et participer à la vie des uns et des autres.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

CONCLUSION

 

Le prophète William Wadé Harris, de 1913 à 1915, a remporté en si peu de temps un succès considérable. Les raisons de ce succès sont à rechercher d’une part dans la personnalité du prophète qui a résussi à communiquer à sa façon le message de la Bible aux Africains. Présenté par certains comme un moyen de revendication de l’identité des Africains, la prédication de Harris a, surtout, été un catalyseur de l’éveil sprituel en Côte d’Ivoire , au Ghana et Libéria. C’est de dynamisme qui a favorisé son installation et sa reconnaissance en France selon la loi de 1901.

William Harris a compris que la religion a un rapport étroit avec la vie sociale. La religion dépend donc des cadres sociaux. Malheuresement certains ont vu dans la tolérence de la polygamie par le prophète , son action la moins évangélique. D’autres y voient une influence de l’Ancien Testament.Quoiqu’il en soit, il faut reconnaitre qu’Harris a posé les basiles d’une évangelisation en Afrique. La conversion que souhaite le prophète Harris implique une nouvelle relation entre Dieu et les convertis. A ce jour son œuvre perdure encore.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

BIBLIOGRAPHIE

 

AHUI Paul William, Le Prophète William Wade Harris, son message d’humilité et de progrès, Abidjan, NEA, 1988, 348p.

BUREAU Réné, « Le prophete Harris et le harrisme», Annales de l’Université d’Abidjan, Institut d’Ethnosociologie, Abidjan

HALIBURTON, M., G., Le Prophète Harris, Abidjan, NEA, 1984, 300p.

SHANK D.A., « Le pentecôtisme du prophète William Wade Harris », Archives des sciences sociales des religions, no 150, 1999.

WAUTHIER Claude, Sectes et prophètes d’Afrique Noire, Paris, Seuil, 1971, 500p.

WONDJI Christophe, le Prophète Harris, Abidjan, NEA, 1983, 400p.

https://www.persee.fr/doc/homig_1142-852x_2002_num_1239_1_3891

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

INTRODUCTION......................................................................................................................1

1- ORIGINE DU PROPHÈTE WADE HARRIS.......................................................................2

1-1 Qui est le prophète William Harris?.............................................................................2

1-2 La légitimité de William Harrus ..................................................................................2

1-3 Le contexte de son appel ..............................................................................................3

2- LA VOCATION DU PROPHÈTE WADE HARRIS.............................................................4

2-1 L’originalité du prophète Harris ...................................................................................4

2-2 La motivation soutenant sa mission .............................................................................4

2-3 Les succès et les difficultés de William Wade Harris...................................................5

 

3- LA PORTEE DE L’ŒUVRE DU PROPHETE WADE WILLIAM......................................9

3-1 L’héritage de William Harris .................................................................................10

3-2 La naissance de l’Eglise Harriste en Côte d’Ivoire et au Ghana............................10

3-3 L’Eglise harriste aujourd’hui ..

Conclusion

Bibliographie

 

 

                                                                                                   OUAPO Hermann

                                                                               Travail de recherche en religion africaine



[1] L’expression « tombé dans le piège de Satan » pour ainsi dire qu’il a changé de camp et qu’il est désormais partisan des noirs.

[2] R, Buerau , «Le prophète Harris et le harrisme», Annales de l’Université d’Abidjan, Institut d’Ethnosociologie, Abidjan, 1971, p. 39

[3] R, Buerau , op,cit, p116

[4] Id.

[5] Joseph KOBI, comprendre l’œuvre du prophète William Wadé Harris, cours d’Histoire de la religion dispensé à l’Université de Bouaké, Côte d’Ivoire, le 25 mars 2005, p. 10.

[6] Idem, p. 20.

[7] En effet, à cette époque, les Kru étaient des personnes marginalisées, comptées pour rien, donc des gens relégués à la dernière zone.

[8] Claude WAUTHIER, Sectes et prophetes d’Afrique noire, Paris, Seuil, 1970, p. 172.

[9] Rapport de Pierre Benoit sur la vie du prophète Harris, cité par R, BUREAU, Art., p. 40

[10] SHANK D.A, « Le pentecôtisme du prophète William Wadé Harris », in Archives des sciences sociales des religions, no 150, 199, p. 51.

[11] Jean Luc KOUASSI, L’Harrisme, Abidjan, NEA, 1986, p. 10.

[12] C. WONDJI, Le Prophète Harris, NEA, Abidjan, 1983, p. 16

[13] Claude WAUTHIER, Sectes et prophète d’Afrique, Paris, 1976, Seuil, p. 175

 

[14] Adrian Hastings, African Christianity [Le Christianisme africain], London and Dublin: Geoffrey Chapman, 1976, p.10.

[15] Claude WAUTHIER, op.cit. p.177

[16] Le disant, il reconnait implicitement l’œuvre de Harris même s’il ne mentionne pas son nom. E. M. Hogan, Catholic Missionaries and Liberia Les missionnaires catholiques et le Libéria Cork, Ireland: Cork Univ. Press, 1981, p.103.

[17] Jean Luc KOUASSI, op.cit, p. 25.

[18] Claude WAUTHIER, op.cit. p.177

[19] L’Indépendant de la Côte d’Ivoire, journal publié à Grand Bassam, Côte d’Ivoire, 137, 7 sept., 1915.

[20] Claude WAUTHIER, op.cit. p.175

 

[21] Joseph KOBI, op.cit, p. 30.

[22] Cité en partie dans J. BIANQUIS, Le prophète Harris, SMEPT, 1924, p. 9, et en partie dans P. TRICHET, op. cit., P. 20. Ce jugement très négatif du père GORJU n’était pas partagé par l’ensemble du clergé catholique

[23] International Bulletin of Missionary research [Bulletin International de Recherches Missionnaires] oct. 86, Vol.10, parution 4, p.170

[24] P. MARTY, Etudes sur l’Islam en Côte d’Ivoire, Paris, Leroux, 1922, p. 13.

[25] E. de BILLY, En Côte d’Ivoire. Mission protestante d’A.O.F., Paris, S.M.E., 1931, p. 8

[26] Cf. BILLY, op. cit., p. 16.

[27] Claude WONDJI, op.cit., p.71

[28] Dictionnaire.sensagent.leparisien.fr/EGLISE%20HARRISTE/fr-fr/

 



23/07/2018
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